Ritratto – Ali Ben Bongo, il signor figlio

Le Monde       090617
Ritratto – Ali Ben Bongo, il signor figlio

–   Ali Ben Bongo, 50 anni, ministro della Difesa del Gabon e figlio maggiore del defunto presidente, Omar Bongo, che ha regnato per 41 anni, sembra avere preso le redini del paese,

o   anche se formalmente è la presidente del senato (Rose Francine Rogombé) ad essere presidente ad interim.

o   Le elezioni sono considerate dal clan Bongo come il mezzo più sicuro per non scontrarsi con le istituzioni internazionali. Secondo la Costituzione gabonese le elezioni dovrebbero avvenire entro 45 giorni dal decesso, ma saranno rinviate dato che non sono ancora pronti liste e materiale elettorali.

●     Per vincere le elezioni, la cui posta in gioco più importante è la ripartizione degli introiti petroliferi, Ali dovrà avere l’appoggio  della sorella Pascaline, custode del tesoro dei Bongo.

        Tra gli avversari di Ali il cognato, Paul Toungui; si prevedono feroci le lotte intestine al partito.

●     In quanto ministro della Difesa Ali ha il controllo delle forze armate, delle elezioni (grazie all’amico ministro degli Interni), degli ingranaggi di partito, di cui è uno dei vice-presidenti; presiede il consiglio superiore degli affari islamici,

●     è considerato vicino ai petrolieri americani ed arabi.

●     L’incontro all’Eliseo con Nicolas Sarkozy del dicembre 2008 è considerato una specie di investitura. La Francia lo coccola per mantenere la stabilità in Gabon, pur rischiando l’accusa di sostenere una successione ereditaria, come già per il Togo o il Congo-Kinshasa.

●     La situazione economica del Gabon è andata deteriorandosi, la produzione di petrolio è scesa a 13 mn. di b/anno; le miniere di uranio sono chiuse, la situazione sociale è molto tesa, la povertà cresce.

–   Ali Ben Bongo ha decretato la chiusura delle frontiere, alcuni blindati delle forze armate da lui comandate pattugliano la capitale;

–   Il suo nome originario era Alain-Bernard, ha assunto il nome attuale alla conversione del padre al’islam nel 1973, anno dello choc petrolifero.

–   Sarebbe nato nel 1959 a Brazzaville, (ex Congo francese), dove il padre era militare; ha frequentato in Francia un collegio protestante, poi studi secondari presso il collegio Sainte-Croix di Neuilly sur Seine, poi giurisprudenza all’università Parigi-1;

–   Ministro degli Esteri (1989-1991), a soli 29 anni, nel governo del padre (salito al potere nel 1967).

–   1990, sommosse, il governo Rocard invia i para a ristabilire l’ordine e l produzione petrolifera;

–   Ali Ben Bongo a capo dei giovani lupi del Partito democratico gabonese (PDG), presieduto dal padre; con il suo coetaneo Mba Obame (oggi ministro degli Interni, fedelissimo di Ali Ben Bongo) si scontra con i cacicchi (notabili, vecchia guardia) del PDG contrari alla forma pluralista desiderata dal presidente Bongo. Grazie al presidente i due hanno una carriera fulminante.

–   1991, a seguito di una riforma approvata grazie al voto dei cacicchi, che impone un’età minima di 35 per essere ministri, Ali Ben Bongo e Mba Obame vengono estromessi dal governo.

–   Vengono definiti “rinnovatori”, termine che indica l’appartenenza ad una delle scuderie in lizza per la successione, più che una linea riformista.

–   1999, Ali Ben Bongo diviene ministro della Difesa, posizione che tuttora occupa, in sostituzione del generale Idriss Ngari;

–   ora uno dei numerosi rivali di Ali Ben Bongo anche all’interno del PDG, essendo stato retrocesso da Bongo padre dalla Difesa ai Lavori pubblici, e poi alla Sanità.

–   Oggi Ali Ben Bongo e Mba Obame rappresentano la faccia repressiva del regime (nel 2008 hanno fatto incarcerare gli oppositori della società civile, hanno accusato di aggressione la Francia in seguito ad una denuncia francese di aggiotaggio da parte della famiglia Bongo.

–   Soprannominato “Baby Zeus”, Ali Ben Bongo non ha il carisma del padre, non sa parlare le lingue locali, mal visto dalla popolazione in miseria, rappresenta la continuazione di un sistema corrotto e poco trasparente.

La sua attuale, seconda, moglie è Sylvia Valentin, figlia di un grosso assicuratore francese a Libreville.

Le Monde       090617
Portrait – Ali Ben Bongo, Monsieur Fils

LE MONDE | 17.06.09 | 15h21 • Mis à jour le 17.06.09 | 16h34

Sur le tarmac brûlant, sept des fils du président Omar Bongo, vêtus d’un complet anthracite, attendent, ce jeudi 11 juin, le jet rapatriant à Libreville la dépouille mortelle du chef de l’Etat gabonais, décédé à Barcelone. Parmi eux, un homme à la démarche pesante de catcheur s’agite dans la fournaise, téléphone à l’oreille, entre les militaires de toutes les armes qui vont rendre les honneurs.

–   Quelques hymnes plus tard, Ali Ben Bongo, 50 ans, fils aîné du défunt président, se tiendra au pied de la passerelle, autant dire aux portes du pouvoir. Evoquer la succession du "vieux" ? "Il est trop tôt, c’est indécent. Ce qui nous préoccupe, c’est le recueillement", a seulement déclaré l’intéressé.

–   Depuis près de vingt ans, son père a favorisé la carrière du seul de ses garçons à être entré en politique, sans jamais en faire explicitement son héritier. Et depuis l’annonce officielle du décès du "doyen de l’Afrique" après quarante et un ans de règne, Ali Ben Bongo, ministre de la défense, semble avoir pris les rênes du Gabon.

–   Certes, devant les caméras, la présidente du Sénat trône dans le fauteuil doré du président de la République, en vertu de la Constitution.

–   Mais c’est lui qui, à la télévision, a appelé les Gabonais au calme peu après que la nouvelle du décès a été finalement officialisée. Lui qui, dans la foulée, a décrété la fermeture des frontières. Lui le patron de l’armée dont quelques véhicules blindés patrouillent en ville. Lui dont la très probable candidature à la prochaine élection présidentielle agite le pays. Lui enfin que la France cajoler discrètement au nom de la stabilité. Au risque de favoriser une succession héréditaire, déjà vue au Togo ou au Congo-Kinshasa, qui révulse nombre de Gabonais.

o    La France, Ali Ben Bongo y a été formé. Il se prénommait Alain-Bernard, jusqu’à la conversion à l’islam de son père en 1973, au moment du choc pétrolier.

o    Selon sa biographie officielle, il est né en 1959 à Brazzaville (Congo français), où son père était militaire. Envoyé très jeune comme pensionnaire dans un collège protestant des Cévennes, il a poursuivi un cursus des plus classiquement huppés : études secondaires au collège Sainte-Croix de Neuilly-sur-Seine, puis droit à l’université Paris-I (Panthéon-Sorbonne) avant d’intégrer, à Libreville, le cabinet de son père, qui s’est hissé au pouvoir en 1967.

–   Il n’a que 29 ans lorsque "Papa Bongo" lui offre rien de moins que le ministère des affaires étrangères. Le mur de Berlin vient de tomber et, au Gabon comme ailleurs en Afrique, le régime du parti unique est contesté. En 1990, le gouvernement Rocard envoie les parachutistes rétablir l’ordre et la production pétrolière, après des émeutes.

–   Ali Ben Bongo devient alors le chef de file des jeunes loups du Parti démocratique gabonais (PDG) présidé par son père. Avec son contemporain André Mba Obame, il affronte les caciques du PDG rétifs à l’habillage pluraliste souhaité par le président Bongo.

–   "Ali s’est battu pour l’ouverture démocratique. Son père nous chargeait de dire à la vieille garde du parti ce qu’il ne pouvait dire lui-même", dit M. Mba Obame, aujourd’hui ministre de l’intérieur, qui affiche un soutien indéfectible à Bongo junior. La carrière éclair de ces deux mousquetaires du régime reflète la volonté du président de leur préparer le plus brillant des avenirs.

–   En 1991, les deux compères se font éjecter du gouvernement après le vote par les caciques du parti d’une réforme instaurant un âge minimum de 35 ans pour devenir ministre. Les voilà étiquetés "rénovateurs", une appellation qui désigne moins une intention réformiste que l’appartenance à l’une des écuries en selle pour la succession.

–   Bongo fils et Mba Obame personnifient aujourd’hui la face répressive du régime, celle qui a placé en détention des opposants de la société civile en décembre 2008 et tenté de riposter aux plaintes déposées à Paris contre les "biens mal acquis" par la famille Bongo, en dénonçant une agression française.

–   Député dans le berceau paternel rebaptisé "Bongoville", Ali Ben Bongo avait reçu un nouveau présent pour ses 40 ans, en 1999 : le très stratégique ministère de la défense. Il ne l’a jamais quitté depuis, choyant les militaires en les équipant totalement de véhicules Mercedes et, à chaque élection, d’uniformes neufs.

–   Pour réaliser cette promotion filiale, Bongo père a été jusqu’à écarter un général, Idriss Ngari, rétrogradé de la défense aux travaux publics, puis à la santé. Il est aujourd’hui l’un des innombrables rivaux d’Ali Ben Bongo au sein même du PDG.

–   Mais l’irrésistible ascension, jusqu’au firmament présidentiel, de l’enfant gâté surnommé "Baby Zeus", est tout sauf écrite. L’homme, aux allures pataudes, est loin d’avoir hérité du charisme paternel. A la différence du président disparu, il ne maîtrise pas les langues locales. Perçu comme méprisant et peu en phase avec une population largement plongée dans la misère, Ali Ben Bongo représente aussi la perpétuation d’un système opaque et corrompu dont bien des Gabonais se disent las.

"Il ne connaît pas les Gabonais et inversement, reconnaît un de ses proches. Seule la campagne électorale pourra corriger son image." Aux rumeurs faisant de lui un fils adoptif et non biologique d’Omar Bongo, il a répondu récemment en faisant raconter son accouchement à Patience Dabany, la première épouse d’Omar Bongo, sur les ondes de la télévision nationale.

–   En 2008, l’enquête sur les "biens mal acquis" révèle qu’il possède un appartement avenue Foch à Paris et deux Ferrari, ce qui ne l’a probablement pas rapproché du peuple. Pas plus que l’article publié en 2007 dans la presse britannique décrivant son ex-femme, Inge, intéressée par l’achat d’une demeure à Hollywood, au prix de 25 millions de dollars.

–   Pourtant, l’imposant ministre de la défense, aujourd’hui marié à Sylvia Valentin, fille d’un important assureur français de Libreville, a accumulé tant d’atouts politiques qu’il part en pole position dans la course à la succession paternelle.

–   Outre la maîtrise de l’armée et des élections grâce à son ami ministre de l’intérieur, Bongo junior a la haute main sur la mécanique du parti, dont il est l’un des vice-présidents depuis peu. Il préside le conseil supérieur des affaires islamiques et

–   il est réputé proche des pétroliers américains et arabes. Son rendez-vous avec Nicolas Sarkozy à l’Elysée, en décembre 2008, a été perçu comme un adoubement.

–   Pour gagner l’élection, dont l’ enjeu majeur reste le partage de la manne pétrolière, "Monsieur Fils" devra impérativement disposer du soutien de sa soeur Pascaline, gardienne du trésor des Bongo.

–   Défi politique, la succession du patriarche s’annonce surtout comme un casse-tête patrimonial. Depuis la mort de leur père, Ali et Pascaline affichent ostensiblement une tendresse mutuelle.

Philippe Bernard
Parcours
 
1959
Naissance à Brazzaville (Congo français).
1989-1991

Ministre des affaires étrangères, il quitte son poste en 1991, à la suite d’une réforme imposant l’âge minimum de 35 ans pour occuper une fonction ministérielle.

1999

Nommé ministre de la défense nationale.

2009

Le décès d’Omar Bongo, à Barcelone, est annoncé le 8 juin par les autorités gabonaises.

Article paru dans l’édition du 18.06.09

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Le Figaro       090610
La mort de Bongo plonge – le Gabon dans l’incertitude
Tanguy Berthemet

11/06/2009 | Mise à jour : 14:12 | Commentaires 26 | Ajouter à ma sélection

Des Librevillois passent devant une affiche marquant les 40 ans de pouvoir d’Omar Bongo, le 28 février 2008. Après le choc de l’annonce du décès du dirigeant gabonais, la capitale avait repris, mardi, un visage normal.

–   Le vieux président qui a régné durant quarante et un ans sur son pays n’a pas désigné de dauphin pour sa succession. La date des funérailles été fixée au 18 juin.

Omar Bongo aura échoué dans son dernier pari. «Personne ne doit chercher à mourir au pouvoir. Il faut arrêter ; vivre un peu le temps qui reste», déclarait récemment le président gabonais sur RFI. Il est finalement mort, lundi, dans le costume du doyen des chefs d’État africains, au terme de quarante et un ans de pouvoir.

Le décès laisse un vide qui ressemble à un gouffre tant la longévité et l’exercice très personnel du pouvoir d’Omar Bongo n’avait pas préparé le Gabon à une quelconque transition.

Mardi, après le choc de l’annonce, Libreville était calme. La capitale avait repris un visage normal. Mais signe que cette situation inédite inquiète toujours, des militaires demeurent discrètement placés aux points stratégiques et devant les bâtiments officiels.

Le gouvernement et les proches du président défunt, qui ne forment souvent qu’un, parent au plus pressé. La dépouille d’Omar Bongo devait être rapatriée de Barcelone dans la journée de demain. Un deuil a été décrété jusqu’à lundi et les funérailles, auxquelles devraient sans doute assister Nicolas Sarkozy et de nombreux chefs d’état africains, fixée au 18 juin à Franceville, dans l’est du pays. L’avenir du Congo, en revanche, reste incertain. «On a l’impression que tout se fait dans l’urgence», reconnaît un diplomate.

«Bongo SA»

–   Il est vrai qu’Omar Bongo, comme pour conjurer un mauvais sort, évitait précisément de préparer la vie sans Bongo. «Il n’y a pas de dauphin. Qui dit que la succession est ouverte ? Je serai candidat en 2012, si Dieu me donne la force», avait-il coutume de répondre si l’on évoquait son départ. Officiellement, le Gabon se réfugie donc derrière la «légalité constitutionnelle» pour gérer la succession. L’intérim devait être confié à la présidente du Sénat, Rose Francine Rogombé, avec pour mission d’organiser des élections. Mais déjà le respect à la lettre de la loi fondamentale paraît compromis. Le texte prévoit que le scrutin se tienne avant 45 jours. Un délai qui apparaît proprement intenable. Les listes électorales ne sont pas à jour, et le matériel n’est pas prêt. Un report de la présidentielle est presque inévitable.

–   Personne ne paraît cependant douter de la tenue d’une élection. Pour le clan Bongo, surnommé «Bongo SA» ou la Famille, le vote semble le moyen le plus sûr de conserver le pouvoir sans heurter de front les institutions internationales. Sera-t-elle pour autant totalement libre ? André Mba Obame, le ministre de l’Intérieur, l’affirme : «Nous suivons strictement la voie constitutionnelle. Contrairement à toutes les supputations, à tous les projets machiavéliques qu’on prêtait aux uns et aux autres.» Comme tous, ce cacique du tout-puissant Parti démocratique gabonais (PDG) s’agite dans les coulisses pour soutenir son candidat, Ali ben Bongo, le fils du président et ministre de la Défense.

–   Les ambitions de l’héritier en heurtent d’autres, à commencer par celles de son beau-frère, Paul Toungui. Les luttes internes dans le PDG, ex-parti unique et cœur du pouvoir, seront féroces.

–   Elles pourraient affaiblir un peu plus encore aux yeux du peuple la crédibilité du gouvernement. Car le Gabon dont héritera le futur président est loin de l’eldorado que laissait, un temps, imaginer ses richesses. L’émirat pétrolier ne produit plus «que» treize millions de barils par an, les mines d’uranium ont fermé et la situation sociale est plus que tendue. La pauvreté augmente.

En embuscade, la France, dont les relations avec Omar Bongo s’étaient dégradées ces dernières années sur fond d’enquêtes judiciaires, suit la situation de très près.

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