Inchiesta – Cina, India, Russia: i nuovi giganti della Borsa

Banche e Borsa, Cina, India, Russia

Le Monde 061028

Inchiesta – Cina, India, Russia: i nuovi giganti della
Borsa

In 20 anni le prime 20 maggiori capitalizzazioni del mondo
si sono moltiplicate per 10, con 14 di esse sostitute da altri.

Dopo le imprese europee negli anni 1980, ora sono i gruppi
dei paesi emergenti ad entrare in Borsa; alcuni di questi sono giganti che rimescolano
la gerarchia delle maggiori società, in cui vent’anni fa predominavano quelli americani
e giapponesi.

Il ciclo delle privatizzazioni sta terminando in Occidente,
e di conseguenza sono poco probabili a breve grandi ingressi in Borsa, compreso
negli USA, dove le Borse sono di gran lunga le prime del mondo per capitalizzazione
di Borsa accumulata. (Nel mercato borsistico si registrano cicli di forte
attività alternati a cicli di bassa: ad es. i mercati occidentali hanno
registrato un numero inedito di operazioni durante la bolla internet 1995-2000,
periodo seguito da uno di calma piatta 2001-2003, etc.)

Il maggior ingresso in Borsa finora avvenuto è quello di
ICBC (Industrial and Commercial Bank of China) con $22Md (€17,4MD) da
investitori per la maggior arte cinesi, che potrebbe porla nel plotone di testa
delle maggiori privatizzazioni.

Lo Stato russo e quello cinese utilizza la Borsa per
privatizzare le grandi imprese pubbliche, in un momento favorevole:

  • forti liquidità disponibili sul mercato agli investimenti
    e una quota della loro popolazione fortemente arricchita con un tasso di risparmio
    rimasto alto.

  • per converso gli investitori internazionali – fondi
    pensione, istituzioni finanziarie – cercano di piazzare parte delle proprie
    risorse in queste economie in forte crescita…

  • L’ingresso in Borsa è utilizzato anche per
    accelerare la ristrutturazione del settore pubblico recuperando capitali
    considerevoli.

Il gigante russo dell’energia, Gazprom, quotato dal 1996 è
già 4°; China Mobile, è tra i primi 30.

I nuovi giganti di Borsa dispongono di una potenza di
acquisto ineguagliata, che potranno utilizzare per grandi acquisizioni (come il
gruppo siderurgico indiano Tata che sta per attuare la maggiore acquisizione indiana
all’estero, con l’anglo-olandese Corus).

Anche le
grandi capitalizzazioni europee e giapponese degli anni 1980 provenivano da
vasti programmi di privatizzazioni. Nel 1969 l’assieme delle società francesi
quotate in Borsa pesavano due volte meno della sola IBM nella borsa di NY. Grazie
alle privatizzazioni Parigi è divenuta una piazza finanziaria che conta; le
società privatizzate hanno utilizzato la Borsa per fare una serie di grandi acquisizioni
(BNP Paribas, Total-Fina-Elf, Sanofi-Aventis) divenendo leader mondiali.Le Monde 061028

Enquête – Chine,
Inde, Russie : les nouveaux géants boursiers

La mondialisation en
marche de l’économie s’accompagne de sa financiarisation croissante. En l’espace de vingt ans, les
vingt premières capitalisations au monde ont été multipliées par dix, et
quatorze de leurs membres ont été remplacés.


Après
les entreprises européennes dans les années 1980, c’est au tour des groupes des
pays émergents de faire leurs premiers pas en Bourse. Certains sont des
mastodontes et bousculent
la hiérarchie des sociétés pesant le plus lourd sur les marchés, entièrement
dominée il y a vingt ans par les américains et les japonais.


La plus grande introduction en
Bourse de tous les temps a eu lieu vendredi 27 octobre en Chine, sur les
marchés de Shanghaï et d’Hongkong
: Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) a collecté plus de 22 milliards de dollars (17,4 millia.rds d’euros)
auprès d’investisseurs essentiellement chinois.

Etant donné le
nombre colossal d’actions mises en vente à cette occasion, ICBC pourrait rejoindre le
peloton de tête des plus grandes capitalisations
boursières mondiales (la capitalisation étant le
produit du nombre d’actions par leur cours de Bourse)
.


Le géant de l’énergie russe Gazprom,
coté depuis 1996, est déjà quatrième.
L’opérateur de télécommunications China Mobile, coté à Hongkong depuis 1997, compte parmi
les trente premiers du classement
.


Si
ces géants font irruption sur les marchés, c’est que, convertis au capitalisme,
les Etats russe et chinois utilisent à
plein la Bourse pour privatiser les grandes entreprises publiques
. Le
moment est propice : les liquidités prêtes à s’investir sur les marchés n’ont
jamais été aussi abondantes. Une
fraction de leurs populations s’est considérablement enrichie ces dernières
années et son taux d’épargne est élevé
.


Les investisseurs internationaux –
fonds de pension, institutions financières – cherchent par ailleurs à placer
une partie de leurs ressources dans les économies des pays émergents pour
profiter de leur formidable croissance
.


L’introduction en Bourse est aussi
un moyen pour ces Etats, qui s’ouvrent à la concurrence internationale,
d’accélérer la restructuration de leur secteur public et de récupérer au
passage des sommes considérables
. La cotation oblige en effet les entreprises à rendre des comptes à leurs
actionnaires (propriétaires d’une partie de leur capital), en étant plus transparentes,
voire en leur reversant une partie des profits sous forme de dividendes.


Ces nouveaux géants boursiers disposent
d’une puissance d’acquisition inégalée.
Peut-être
en feront-ils usage un jour, à l’instar du sidérurgiste Tata Steel, coté à
Bombay, qui s’apprête à réaliser la plus grosse acquisition indienne à
l’étranger
en rachetant l’anglo-néerlandais Corus. Car la Bourse stimule les opérations de fusion-acquisition. Elle donne
une valeur aux entreprises, qui peuvent mieux se "jauger". Les sociétés
cotées ont, aussi, la possibilité d’en acheter d’autres à moindre coût, en
échangeant leurs actions.

EMPRUNTS
OBLIGATAIRES


Les grandes capitalisations
européennes et japonaises, apparues dans les années 1980, résultaient aussi de
vastes programmes de privatisations
. "En 1969, l’ensemble des
entreprises françaises cotées pesaient deux fois moins qu’IBM à la Bourse de
New York
. Grâce aux
privatisations, Paris est devenue une place financière qui compte
",
rappelle Bertrand Jacquillat, professeur à Sciences Po. Ces entreprises privatisées ont profité de la
Bourse pour grossir à coups d’offres publiques d’acquisitions (OPA) géantes
(BNP Paribas, Total-Fina-Elf, plus récemment Sanofi-Aventis) et devenir des
championnes mondiales
.

Aujourd’hui, ces cycles de privatisations s’achèvent.
La cotation à Paris d’EDF,
fin 2005, a été l’une des dernières grandes opérations du genre en France.

Il est donc peu probable
qu’interviennent à court terme d’énormes introductions en Bourse en Occident. Y
compris aux Etats-Unis
, même si les
Bourses américaines (le New York Stock Exchange et le Nasdaq) sont de loin les
premières du monde en termes de capitalisation boursière cumulée des
entreprises qu’elles cotent
. De fait, là-bas, la plupart des champions
industriels sont déjà en Bourse. Pour certains depuis très longtemps : General Electric, deuxième capitalisation
mondiale
, est dans
le Dow Jones depuis la création de l’indice, il y a cent dix ans ans.

Les entreprises
occidentales boudent-elles pour autant les marchés ? "Au contraire, elles
y ont de plus en plus recours", assure Pascal Quiry, coauteur du
"Vernimmen", un ouvrage sur la finance d’entreprise. Quand les indices boursiers
montent
, beaucoup de propriétaires d’entreprise choisissent la Bourse
pour vendre leurs participations, car elle leur permet d’en tirer un bon prix. Les marchés occidentaux ont
ainsi enregistré un nombre inégalé d’opérations pendant la bulle Internet
(entre 1995 et 2000)
. Après trois ans de calme plat (2001-2003), suite à
son éclatement, les introductions ont de nouveau repris à un rythme soutenu.

"Certaines
sociétés, notamment du secteur technologique, iront plus systématiquement en
Bourse que d’autres, car elles ont du mal à décrocher des emprunts auprès des
banques, qui jugent leurs activités trop risquées", précise Sofiane
Aboura, maître de conférences à Paris-IX-Dauphine.

Quant aux grands groupes déjà cotés, ils
n’hésitent pas, dès lors qu’ils ont besoin de ressources financières, à lancer
des augmentations de capital (en émettant des actions nouvelles) ou des emprunts
sur les marchés dits obligataires (où s’échangent des titres de dette cotés
).
Peu connues du grand
public, ces opérations représentent, en termes de montants mobilisés, beaucoup
plus que les introductions en Bourse.

Même les groupes qui
n’ont pas besoin de capitaux et qui, à l’image de Microsoft, préfèrent utiliser
leurs profits au rachat de leurs propres actions ou au versement de dividendes
à leurs actionnaires utilisent les marchés à leur manière. "C’est aussi un
des grands rôles de la Bourse que de fluidifier la circulation des capitaux
entre les agents économiques", souligne Anton Brender, directeur des
études économiques chez Dexia Asset Management.

Cécile Ducourtieux

Article paru dans
l’édition du 28.10.06

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