Génocidio dei Tutsi in Ruanda : la Francia accusata

L’ex ambasciatore ruandese in Francia, Jacques Bihozagara,
alla prima audizione della commissione di inchiesta ruandese sul ruolo della
Francia nel genocidio in Ruanda nel 1994: «I francesi hanno inviato soldati,
armi, addestrato assassini ed eretto barricate per facilitare agli assassini la
loro missione di sterminio dei tutsi.

Le
accuse contro la Francia da parte del Ruanda si sono moltiplicate dopo che un
procedimento giudiziario in corso in Francia nel quadro dell’inchiesta del
giudice anti-terrorista Jean-Louis Bruguière sull’attentato contro l’aereo del
presidente hutu prende di mira responsabili ruandesi attuali, cominciando dal
presidente Kagamé, nel 1994 capo della ribellione tutsi.

Della commissione d’inchiesta ruandese, 7 membri, fanno
parte uno storico, un giurista, e un ex brigadiere generale della ribellione
hutu, ormai allineata con il governo ruandese controllato dai tutsi, mentre i
membri della sua etnia erano definiti “genocidiari” dalle autorità oggi al
potere in Ruanda. Le conclusioni dovrebbero essere tirate in aprile 2007.

Ruolo
complesso quello della Francia che ha fatto la guerra accanto al regime
estremista hutu, ed ha avuto indulgenza verso alcuni dei responsabili del
genocidio esiliati in Francia.

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Le Monde                061102

La Francia declassifica le note
della DGSE sul ruolo delle forze armate nel genocidio del Ruanda

La ministro francese della Difesa in risposta alla richiesta
di un magistrato che si occupa degli esposti di sopravvissuti contro le forze
armate francesi, ha disposto la declassificazione (non sono più segreti) dei
documenti del DGSW, Direzione generale della Sicurezza Estera, relativi al
ruolo della Francia nel genocidio ruandese1994, che in 100 giorni ha causato
quasi 800 000 vittime, quasi tutti tutsi.

  • 22 giugno 1994: l’ONU dà il via libera alla Francia per
    l’operazione militare a scopo umanitario, “Turquoise”, durata 2 mesi.
  • Febbraio 2005, 6 ruandesi appartenenti all’etnia minoritaria
    tutsi denunciano militari francesi di aver violentato e ucciso durante il
    genocidio del 94, e di aver permesso che i miliziani hutu portassero via
    rifugiati che i francesi dovevano proteggere. $ dei 6 tutsi ricorrenti non sono
    stati accettati dal tribunale francese, perché non direttamente danneggiati
    dalle “infrazioni” denunciate, maggio 2006, la corte d’appello ha giudicato
    ricevibili 4 dei ricorrenti.

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Avviati con grande pubblicità il 24 ottobre 2006 i lavori
della commissione di inchiesta ruandese incaricata della raccolta delle prove
sul ruolo avuto dallo Stato francese nella preparazione ed esecuzione del
genocidio e in seguito ad esso; tre giorni dopo l’inchiesta è stata ritirata a
porte chiuse. Una ventina di testimoni: tra cui ex membri delle forze armate
ruandesi, diversi deputati e senatori, l’ex responsabile dei servizi ruandesi
92-94, l’ex ambasciatore del Ruanda in Francia, Jacques Bihozagara.

  • Nel 1990,
    secondo gli accordi militari, Parigi aveva partecipato alla guerra in appoggio
    al regime hutu contro i ribelli del Fronte patriottico ruandese, oggi al
    potere. Bihozagara ha ricordato la stretta amicizia tra il presidente francese
    Mitterrand e quello ruandese Juvénal Habyarimana; ex ufficiali, alineati con
    l’attuale regime titsi, ricordano l’addestramento delle milizie per opera dei
    soldati fr
    ancesi.
  • Lo Stato
    francese non può affermare che non sapeva ciò che si stava preparando. È
    risultato chiaro dalla prima audizione che i consiglieri francesi erano
    presenti in tutte le strutture del regime di Habyarimana, compresi i servizi.

Nel 1998 una missione di inchiesta parlamentare cha rilevato
le incoerenze della politica francese in Ruanda, ma ha sollevato Parigi da ogni
responsabilità. Si parlò di “errore di valutazione”.

Secondo un esponente di una ONG, la commissione ruandese al
lavoro ha l’obiettivo diplomatico di togliere credibilità alle accuse della
Francia (dossier Bruguière) contro l’attuale regime. Le conclusioni del giudice
nel 2004 chiamavano in causa i dirigenti ruandesi, tra cui il presidente
Kagamé, per l’attentato contro l’aereo del presidente hutu Juvénal Habyarimana,
il 6 aprile 94, che costituì il segnale per il genocidio.

Kigali accusa Parigi di aver «sottratto alla giustizia» gli
autori del genocidio… e di combattere «lo Stato ruandese nel suo impegno a
lottare contro il genocidio».

Le Monde                061025

RWANDA – Génocide des Tutsis au Rwanda : la France accusée

NAIROBI
CORRESPONDANT

En ouvrant, mardi 24
octobre, une série d’auditions publiques, à Kigali, sur le rôle des
responsables civils et militaires français au pays des Milles collines avant,
pendant et après le génocide de 1994, la commission d’enquête rwandaise
réactive les accusations croisées entre les capitales française et rwandaise.

Comptant parmi ses sept membres un historien, un juriste
mais aussi, de façon plus surprenante, un ancien brigadier général de la
rébellion hutue, désormais rallié à Kigali
, alors même que les membres de son groupe étaient précédemment qualifiés
de "génocidaires" par les autorités rwandaises actuelles, la
commission devrait rendre ses conclusions en avril.

Elles pourraient
être terribles. La commission pourrait être amenée à interroger des responsables
politiques et militaires français, selon Kigali, mais à Paris, le ministère des
affaires étrangères indique n’avoir, pour l’instant, pas été saisi d’une telle
demande.

Au cours des
auditions qui devraient durer jusqu’au 31 octobre, 25 personnes seront
entendues, et leurs témoignages diffusés à la radio. "Nous allons convoquer notamment d’anciens
miliciens auxquels les Français ont appris à tuer et ont ordonné de le faire,
ainsi que des rescapées qui accusent des soldats français de viol", a déjà
prévenu Jean-Paul Kimonyo, l’un des membres de la commission
. La
commission pourrait décider de déposer des plaintes devant la Cour
internationale de justice (CIJ).

RÔLE COMPLEXE

Le rôle de la
France, impliquée au côté du régime extrémiste hutu
qui allait nourrir le projet génocidaire (environ
800 000 morts en cent jours, en très grande majorité tutsis), est de nature
complexe
. Paris a fait
la guerre au Rwanda auprès de ce régime, et entretenu depuis une indulgence
persistante à l’égard de certains de ses responsables en exil sur son sol.

–   
Accuser des
responsables politiques et militaires français d’avoir littéralement participé
à la planification du génocide relève toutefois d’une autre vision. Les
accusations de Kigali à ce sujet se sont multipliées depuis qu’une procédure
judiciaire française vise des responsables rwandais actuels dans le cadre de
l’enquête de Jean-Louis Bruguière sur l’attentat contre l’avion du président
hutu, Juvénal Habyarimana, le soir du 6 avril 1994, événement qui donna le signal
du déclenchement des massacres.

–    Les conclusions du juge antiterroriste,
révélées par Le Monde, en mars 2004, mettent en cause les dirigeants rwandais d’aujourd’hui, à commencer par
le président Paul Kagamé, chef, en 1994, de la rébellion tutsie
.

–   
Elles pourraient éventuellement se
traduire un jour par l’émission de mandats d’arrêts internationaux. Cette
menace, qui plane sur les relations franco-rwandaises depuis deux ans
,
sans qu’il soit possible de déterminer si l’enquête du juge Bruguière parviendra
un jour à ce résultat, sont à la base des tensions judiciaires entre Paris et
Kigali. Mardi, la première audition, celle de l’ancien ambassadeur rwandais en
France – après le génocide -, Jacques Bihozagara, a rappelé que le combat
judiciaire était loin d’être terminé. "Les Français ont envoyé des
soldats, des armes, formé des tueurs et érigé des barrages pour rendre plus facile
aux meurtriers leur mission d’extermination des Tutsis", a-t-il affirmé au
cours de son audition.

Jean-Philippe Rémy

CHRONOLOGIE

6 AVRIL 1994.

Le président
rwandais, Juvénal Habyarimana, est tué dans un attentat contre son avion, à
Kigali.

AVRIL-JUILLET 1994.

Génocide des Tutsis
accompagné d’assassinats de Hutus modérés : 800 000 morts au total.

23 JUIN 1994.

Intervention militaire
et humanitaire française (opération "Turquoise") pour deux mois.

15 DÉCEMBRE 1998.

Une mission
parlementaire française exonère la France, "nullement impliquée" dans
le génocide, mais retient une certaine responsabilité, due à "une erreur
globale de stratégie".

23 DÉCEMBRE 2005.

Le procureur du
tribunal aux armées de Paris ouvre une instruction judiciaire contre X… pour
"complicité de génocide" après une plainte de rescapés rwandais
contre l’armée française.

Article paru dans
l’édition du 26.10.06

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Le Monde                061102

            La France
déclassifie des notes de la DGSE sur le rôle de l’armée dans le génocide
rwandais

Michèle Alliot-Marie a décidé de déclassifier totalement
105 notes de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) relatives
au rôle de la France dans le génocide au Rwanda, a indiqué, jeudi 2 novembre,
le ministère de la défense. La ministre répond à la demande du magistrat qui
instruit, à Paris, quatre plaintes de rescapés du génocide de 1994 visant
l’armée française
.

La ministre de la
défense a suivi l’avis de déclassification de ces documents, rendu par la
commission consultative du secret de la défense nationale. Ces notes seront
accessibles à Florence Michon, seul magistrat instructeur au tribunal des
armées de Paris chargé de juger les infractions commises, hors du territoire,
par les militaires français.

COMPLICITÉ DE
GÉNOCIDE

Le 22 juin 1994, l’ONU a donné son feu vert à la France
pour une opération militaire à but humanitaire, l’opération
"Turquoise", qui a duré deux mois
.

–    En février 2005, six Rwandais, membres de
la minorité tutsie, ont porté plainte contre X pour "complicité de
génocide et/ou complicité de crime contre l’humanité", devant le tribunal
aux armées de Paris. Ils accusent des militaires français d’avoir commis des
viols et des meurtres lors du génocide de 1994, et d’avoir laissé des miliciens
hutus enlever des réfugiés dont ils avaient la protection.
L’armée française a vivement rejeté ces accusations.

En décembre 2005, le
parquet du tribunal aux armées de Paris a ouvert une information judiciaire
contre X pour complicité de génocide. Le ministère public a alors écarté quatre
des six plaignants, jugeant qu’ils n’avaient pas subi de "dommages directs
et personnels résultant des infractions dénoncées". En mai 2006, la cour
d’appel de Paris a confirmé la recevabilité de quatre des six plaintes.

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Le Monde
061102

Rwanda – commission d’enquête gouvernementale sur les massacres de 1994

Kigali veut prouver la responsabilité de Paris dans le génocide rwandais

LE MONDE | 01.11.06
| 14h53  •  Mis à jour le 01.11.06 | 14h53

KIGALI ENVOYÉE
SPÉCIALE

En rouge, les mots
"France" et "génocide" s’étalaient sur des banderoles,
déployées dans le centre de Kigali pour l’ouverture des premières auditions de la commission d’enquête
rwandaise chargée de "rassembler les éléments de preuve montrant la part
de l’Etat Français dans la préparation et l’exécution du génocide" de 1994
qui, en cent jours, a fait près de 800 000 morts, essentiellement tutsis.

Le 24 octobre, les sept commissaires désignés par le
gouvernement rwandais
ont
ouvert les premières auditions, à grand renfort de publicité. Mais trois jours plus tard, les
banderoles ont été retirées,
et les témoins entendus à huis clos. Une vingtaine d’entre eux sont
venus déposer, parmi lesquels d’ex-membres des forces armées rwandaises ralliés
au pouvoir de Kigali en 1994, plusieurs députés et sénateurs, l’ancien haut
responsable des renseignements rwandais entre 1992 et 1994, Augustine
Iyamuremye, et l’ancien ambassadeur du Rwanda en France, Jacques Bihozagara
.

Au titre d’accords
militaires, Paris avait fait la guerre, en 1990, aux côtés du régime hutu
contre les rebelles du Front patriotique rwandais (FPR), aujourd’hui au
pouvoir. En toile de fond de cette coopération, Jacques Bihozagara a évoqué les "amitiés
particulières" entre François Mitterrand et le président rwandais Juvénal
Habyarimana
, "qui (tenaient) plus d’accointances entre individus
que d’affaires d’Etat". D’anciens officiers des forces armées rwandaises,
ralliés au régime actuel, ont évoqué l’entraînement des milices par des soldats
français. Plusieurs témoins sont revenus sur l’opération humanitaire et
militaire "Turquoise".

–   
"Au
cours de ces premières auditions, nous avons pu comprendre que les conseillers
français étaient présents dans toutes les structures du régime Habyarimana,
jusque dans les services de renseignement", explique le président de la
commission et ancien ministre de la justice, Jean de Dieu Mucyo. "L’Etat
français ne peut pas dire qu’il ne savait pas" ce qui se préparait.

En décembre 1998,
une mission d’information parlementaire a relevé les incohérences de la politique française
au Rwanda mais a dégagé Paris de toute responsabilité dans le génocide.

"Dans ces livres, explique Jean
de Dieu Mucyo, désignant les 1 800 pages du rapport disposé dans sa bibliothèque,
on nous explique qu’une erreur d’appréciation a été commise
.
Ce n’est pas la vérité
. Nous allons inviter des responsables français pour
leur demander de préciser certaines déclarations.

–    Il y a des militaires français, dont on retrouve les noms dans
de nombreux témoignages, qui sont présents avant, pendant et après le génocide
.
Certains ont témoigné à huis clos, en France, (des officiers du commandement
des opérations spéciales qui se sont opposés à la publication de leurs
témoignages) mais nous aimerions savoir ce qu’ils ont à dire. Les courriers
sont prêts à être envoyés. Nous verrons s’ils acceptent ou non de venir."

Pour M. Mucyo, qui
explique que des victimes de viols devraient aussi venir témoigner à partir de
janvier 2007, "il ne doit pas y avoir de secret : tout doit être
dit."

INSTRUCTION À CHARGE

Présent au premier
jour des auditions, un
membre d’une ONG, qui préfère garder l’anonymat, estime que "cette
commission a un objectif diplomatique.
A l’avenir, les autorités
pourront se référer à ce rapport pour décrédibiliser les accusations de la
France à l’encontre du régime actuel. Parce qu’avec le dossier Bruguière, c’est
la base même du pouvoir qui est visé".

Les conclusions du juge, révélées par Le Monde en mars
2004, mettent en cause les dirigeants rwandais. Parmi lesquels le président
Paul Kagamé, en ce qui concerne l’attentat perpétré contre l’avion du président
hutu Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994, qui a donné le signal du début du
génocide
.

Selon le texte de
loi établissant la commission, celle-ci devra aussi enquêter sur le rôle de l’Etat français "après
le génocide".
Kigali reproche à Paris d’avoir "soustrait à la
justice" les auteurs du génocide et de combattre "l’Etat rwandais
dans son engagement à lutter contre le génocide".

–   
Les tentatives de rapprochement entre Paris et
Kigali auront été furtives. En août 2004, les deux ministres des affaires
étrangères, Michel Barnier et Charles Murigande, s’étaient rencontrés en
Afrique du Sud
, à Pretoria,
et avaient évoqué un travail de mémoire commun à propos du rôle de la France au
Rwanda. Deux ans plus
tard, la commission rwandaise instruit à charge. Paris est accusé d’avoir
planifié le génocide, et elle doit en apporter la preuve.

Dans les locaux de
la commission, Jean de Dieu Mucyo veut cependant croire à une possible
coopération : "Mais il faut que la vérité soit dite, que la France demande
pardon", affirme-t-il. "Les choses peuvent changer",
ajoute-t-il, évoquant le discours prononcé par l’ambassadeur de France à
Kigali, Dominique Decherf, le 14 juillet, dans les nouveaux locaux de
l’ambassade où a été posée une plaque à la mémoire des 27 employés rwandais de
l’ambassade tués pendant le génocide. "Celui-ci n’est pas comme Georges
Martres (ambassadeur de 1989 à 1993), il a même prononcé quelques mots en
kinyarwanda. Si nous voulons coopérer, il faut que la vérité soit dite, il faut
demander pardon…", insiste-t-il.

Stéphanie Maupas

Article paru dans
l’édition du 02.11.06

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